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w/@sidney mumford
week-end plus qu’agréable en compagnie de sa meilleure amie, hors de la ville, pour un anniversaire mémorable, malgré le ressenti de l’absence de son petit ami. Le retour à Pine Creek fut encore plus satisfaisant, puisqu’au cours de son absence, la belle brune a consenti à lever le voile sur le secret de sa relation avec Sidney, acceptant de s’afficher au grand jour sans prendre de précautions. Autant dire que la nouvelle s’est vite répandue, est arrivée bien vite aux oreilles des plus grandes commères de la ville, celles qui aiment épier derrière les rideaux pour être aux premières loges des gros dramas, prête à tout raconter à qui voudra - ou non - l’entendre. Une tendance loin des préoccupations de la Jenkins, son esprit bien trop monopolisé par la surprise qui l’attendait en revenant en ville, celle d’une fin de journée en compagnie de son amoureux, ainsi que d’une nuit dans son chalet, rien que tous les deux, pour célébrer l’anniversaire de la brune, sans devoir attendre le départ du garçon pour aller chez sa mère. Un plan orchestré en secret entre le brun et la meilleure amie de la trentenaire, derrière son dos, au même titre que le week-end. Se sent-elle chanceuse de les avoir dans sa vie ? Carrément.
Des retrouvailles à la hauteur de ses attentes, ils ont su parfaitement fêter comme il se doit le goût de la liberté, le commencement d’un nous si attendu. Une première surprise qui a su combler le coeur de la brune, qui a pourtant dû trouver un peu de place dans son myocarde pour un présent supplémentaire, une attention à la fois délicate et romantique à ses yeux, qu’elle n’a plus quitté depuis que le Mumford la lui a accroché à son cou. S’ils n’ont pas pu rester ensemble entièrement les jours qui ont suivi, afin que le père profite de ses quelques jours avec Logan sans que la nouvelle copine de son père ne soit dans les parages, ils ont la chance de pouvoir se côtoyer tous les jours, au sein du restaurant. Semaine qui approche de la fin, le week-end se profile déjà à l’horizon. Le service du midi est désormais terminé, il n’y a plus âme qui vive à l’intérieur de l’établissement, si ce n’est quelques employés qui trainent dans les parages, qui rangent et nettoient avant de s’en aller pour quelques heures, jusqu’au service du soir. C’est souvent ce que la brune fait, elle aime profiter de l’après-midi pour traîner en ville ou simplement chez elle, mais pas aujourd’hui, où elle préfère rester sur place pour vaquer à ses occupations, qu’elles soient administratives pour le restaurant, que plus… privées. Par chance, elle a anticipé, la brune, et elle a ramené son ordinateur portable avec elle. Et au lieu de s’enfermer dans le bureau de baba, c’est à l’une des tables du restaurant qu’elle a élu domicile, là où elle ne dérange personne en vrai, puisqu’il n’y a plus un client à l’horizon.
Mila, elle est dans sa bulle, un écouteur dans l’oreille pour écouter de la musique, tandis que ses doigts pianotent énergiquement sur le clavier, à la recherche d’un vol jusqu’à Chicago. À peine revenue de son excursion avec Evie qu’elle prévoit déjà de s’envoler ailleurs, mais c’est pour une bonne raison cette fois, cela concerne son travail. Son autre travail, celui pour lequel elle a fait des études, qu’elle s’est démenée ces dernières années, et qu’elle aimerait pouvoir retrouver d’une certaine façon. Et pas uniquement, il y a aussi un besoin de récupérer des affaires, dans son ancien appartement, car Mila ne compte pas les laisser dormir à Chicago, avec son ex… C’est la voix - assez lointaine - de Sidney qui fait éclater cette bulle, en partie. hum ? qu’elle demande, retirant par réflexe l’écouteur dans son oreille pour mieux entendre, avant de tourner la tête pour (tenter) de regarder par-dessus son épaule. Il lui semble avoir entendu le mot Chicago, mais elle n’en est pas certaine, à cause de la musique qui se diffusait dans son oreille, et de son attention totalement portée par ses recherches. “Heureusement”, Sidney se décide à s’approcher, à s’installer face à elle sur la table pour apporter un peu de précision. Oh. Elle sent de l’inquiétude chez lui, dans son langage non verbal. Oui, il n’a pas besoin de dire clairement les choses pour comprendre les sous entendus, pour lire les sous-titres. oui, je suis en train de regarder pour réserver des billets, effectivement. c’est la vérité, elle n’a nullement envie de nier, de lui mentir en prétextant une curiosité vis-à-vis des prix (par exemple), et surtout, n’a aucun intérêt à le faire, en fait. Parce qu’elle a une bonne raison de faire ça, Mila, ce n’est pas une fuite en avant ou quoique ce soit, mais bien une décision issue d’un comportement posé. Ce qu’elle s’empresse de lui dire, avant qu’il ne s’imagine quoi que ce soit, à moins qu’il ne soit trop tard pour ça. mais je ne m’en vais pas, Sidney. elle est calme dans ses mots, autant que dans son geste, celui d’avancer une main sur la table, paume vers le ciel, invitation à ce qu’il fasse de même. j’ai besoin de retourner à Chicago, dans le cadre de mon travail. parce que mon congé… si on peut l’appeler ainsi, touchera à sa fin à la fin du mois donc… je dois aller discuter avec mes employeurs. je pourrais le faire par visio mais… je voudrais pouvoir récupérer mes affaires, par la même occasion. faire d’une pierre deux coups, tu vois ? elle ne s’énerve pas, Mila, même si elle croit déceler des doutes chez son compagnon, un certain manque de confiance encore envers elle. C’est un peu blessant, elle ne peut ignorer ce coup dans son myocarde, asséné par la crainte qu’il y a dans la voix de Sidney, dans son regard également, mais plutôt que de se braquer, elle tente de se montrer compréhensive, la Jenkins. Les semaines avancent, ça se passe bien entre eux, mais ce n’est pas encore suffisant pour effacer les à-prioris du passé. Les mots n’ont aucune valeur, elle le sait la brune, il n’y a que les actes qui comptent. Les pas qu’ils font l’un vers l’autre, chaque jour qui passe. La décision d’aller à San Francisco avec elle de Sidney, la proposition de se faire un week-end au Lac de Mila… maintenant, assumer leur couple dans la ville, prendre le risque de parier sur l’avenir, sur leur couple, dans la durée… C’est énorme pour eux, mais pas encore suffisant, visiblement. Mila, dans un instant comme celui-ci, elle se demande ce qu’elle pourrait bien faire pour le rassurer définitivement, pour qu’il lui fasse confiance, pour qu’il cesse de la voir comme… une femme capable de prendre la fuite, du jour au lendemain.

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De la diplomatie. C’est quelque chose qu’elle sait utiliser, Mila, dans un cadre professionnel, à longueur d’année. Et c’est également ce qu’elle sait faire au cœur d’une relation, c’est quelque chose qu’elle a appris au fil des années, au même moment d'acquérir de la maturité. Ce n’est pas toujours évident, la brune est quelqu’un de spontané, elle aurait tendance à réagir sous le coup de ses émotions, sans prendre le recul nécessaire. Dans ce genre de situation, typiquement, elle aurait pu se mettre sur la défensive, vouloir la retourner en accusant Sidney de l’accuser de quelque chose par des sous entendus. Sauf que ce n’est pas la bonne réaction à avoir, elle en a parfaitement conscience. Ça aurait pu être le comportement de la Mila d’avant, l’adolescente avec les hormones en ébulition, mais certainement pas celui de la femme de trente-cinq ans. Cette femme-là est assez mature pour comprendre que les apparences sont trompeuses, contre elle, qui plus est, et que son devoir est de rassurer son compagnon, avant d’émettre le moindre reproche.
En complément de ses mots, de ses explications, la brune n’hésite pas à caresser la main du Mumford, avec son pouce, pour lui témoigner de la douceur, lui faire comprendre que tout va bien, qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Ce serait dommage, surtout après les derniers jours qu’ils ont passés, maintenant qu’ils sont officiellement ensemble aux yeux de tous. Avant le week-end en compagnie de Evie, jamais Mila n’aurait pu s’afficher ainsi au restaurant, à prendre la main du trentenaire à la vue de tous. Ça a du sens, mais pas assez pour te convaincre, j’ai l’impression. Il n’y a toujours pas de reproche dans sa voix, plutôt un rire discret, parce qu’il ne semble pas convaincu à 100%. Elle ne sait pas ce qu’elle peut faire pour réussir à le convaincre de sa bonne foi, qu’il cesse d’être sur ses gardes en permanence. Parce que… Mila peut faire des efforts, prendre sur elle pendant encore un certain temps, mais certainement pour une période indéterminée. Au bout d’un moment, ce manque de confiance risque de l’agacer, et il y a très peu de chance qu’elle soit aussi docile que sur les dernières semaines. Faire des compromis, c’est une chose. Courber le dos sans arrêt pour s’aligner à l’autre… ce n’est pas vivable sur le long terme. Et bizarrement, comme si le brun avait eu accès aux pensées de la jeune femme… le voilà en train de formuler une proposition totalement inattendue. Vraiment ? Oui, elle est surprise, Mila, elle ne s’attendait pas à ce qu’il propose de l’accompagner. En fait, même elle, elle ne pensait pas lui proposer d’être du voyage. Autant pour se rendre à San Francisco, pour aller voir ses parents, visiter la ville… ça avait du sens. Or là… elle ne désire pas s’y rendre pour faire du tourisme, ni même du shopping, mais bien mettre en ordre ses affaires. Autrement dit, il n’y a rien de passionnant dans ce road trip, si ce n’est les petites attentions que l’on peut espérer dans l’avion en optant pour des billets de première classe. Tu as peur que je retombe dans les bras de mon ex si je le croise, et que tu n’es pas dans le coin ? dit-elle, avec sérieux, bien que ce soit une plaisanterie. Il y a un risque qu’elle croise Patrick, c’est certain, elle doit retourner dans leur appartement pour récupérer ses affaires. Mais il n’y en a aucun pour qu’elle change d’avis, qu’elle décide de retourner avec lui dans une relation amoureuse. Il a montré son vrai visage il y a quelques mois, et elle a été fortement déçue, Mila. Hors de question d’envisager le restant de ses jours avec un tel homme. Plus sérieusement… tu es sûr ? Je veux dire, à San Francisco, c’était cool et sans pression. Alors que là… c’est juste pour le boulot et pour faire des cartons. Je n’avais pas prévu d’y rester très longtemps, juste quelques jours, tout au plus. Elle préfère qu’il soit conscient de cela, que ce n’est pas une visite pour le plaisir, mais bien un aller-retour, avec certainement plus d’heures en avion que véritablement en ville. Si c’est le cas… et qu’il est toujours partant pour l’accompagner… et bien, elle n’en sera que plus touchée encore. Elle sait qu’il n’a jamais pris l’avion, qu’il est réticent à sortir de la ville alors… faire cette proposition de lui-même… wow, c’est énorme. On pourrait même dire que c’est une déclaration d’amour vraiment très romantique. De quoi lui donner des envies, comme celle de prononcer ces fameux petits mots, que l’on aligne pour témoigner ce que l’on ressent pour l’autre. Des petits pas encore prononcés entre eux, c’est bien ce qui retient Mila de le faire à haute voix. C’est bête, il n’y a pas de règles en amour, il ne faut pas obligatoirement que ce soit l’homme qui fasse ce premier pas mais… il faut croire qu’il y a une part de la Jenkins assez romantique pour l’espérer.

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Elle est surprise, Mila, mais elle l’est agréablement. Non pas qu’elle n’avait pas foi en Sidney, en ses jolies paroles prononcées le soir où ils ont décidé de s’embarquer dans cette aventure, un peu sur un coup de tête, mais avec pas mal de bagages quand même. Elle lui fait confiance, elle sait qu’il n’est pas homme à dire des mots en l’air, juste pour impressionner, pour la mettre en confiance et obtenir ce qu’il souhaite. C’est juste que… elle pensait que ça prendrait du temps. Qu’il lui faudrait du temps pour s’accorder aux exigences, ainsi qu’aux besoins, de la jolie brune. Et pourtant, il est venu avec elle à San Francisco, sans broncher, à peine deux semaines plus tard. Et aujourd’hui, le voilà en train de prendre une initiative, d’être celui qui se propose à l’accompagner, loin d’ici, sans qu’elle n’ait besoin de formuler un quelconque désir.
Ça va vite. Presque trop vite. Mais ça lui plaît. Cela s’accorde à ce qu’elle a pu lui dire le week-end passé, sur le paradoxe entre le statut récent de leur couple et les sentiments profonds qu’elle ressent pour lui, qui l’incite à en vouloir plus, toujours plus, se moquant des convenances et de la société. Ils ont déjà prouvé que leur couple avait ses propres règles, qui ne s'alignent pas avec les normes de la société. Pourquoi changer en chemin, alors que ça fonctionne ? Oh, à cause du risque de se brûler les ailes ? De celui de se ramasser brutalement si quelque chose déraille à un moment ? Tant pis, Mila est une femme passionnée, qui aime se plonger à 100% dans ce qu’elle fait, même si ça signifie que ça peut faire mal en cas d’échec. C’est tout ou rien, et ça ne date pas d’hier.
Elle sourit, doucement, délicatement, à mesure des explications de son compagnon. Les cartons, c’est une chose. C’est vrai que ça pourrait être sympa d’avoir un peu d’aide, pour aller plus vite. Elle espère qu’il ne prendra pas peur en voyant le contenu de sa penderie, et surtout, la quantité de chaussures et sac à main qu’elle possède… huhu. Par contre, dire qu’elle sera là-bas, et lui ici, seul… c’est vraiment mignon. Un très bon argument pour vouloir la suivre jusqu’à Chicago, et ainsi, ne pas être séparés par des milliers de kilomètres, ainsi qu’un ou plusieurs fuseaux horaires différents. Et tu as déjà été tout seul, il n’y a pas si longtemps. consent-elle. À peine un week-end, mais elle a pu constater, et lui aussi lui semble-t-elle, que c’était déjà trop. À croire que cette période de lune de miel les incite à passer le plus de temps possible ensemble, dès qu’ils en ont l’occasion. Lorsqu’il parle de marquer son territoire, elle est obligée d’éclater de rire, Mila. Une chance qu’il n’y ait pas le moindre client dans la salle, cela venait du cœur, et ce n’était vraiment pas discret. Mais elle ne s’y attendait pas. Bon, elle sait que c’est une plaisanterie, mais quand même. C’est légitime. Si j’ai le droit de le faire, toi aussi. Même si sa façon de faire est différente, plus… physique, de sorte à laisser des traces sur le corps de son mec. Peu importe la façon, elle n’en est pas moins touchée, Mila. Vraiment. Bien assez pour balayer les ressentiments qu’elle avait, en constatant les doutes persistent chez Sidney. Alors, étant donné qu’ils ont décidé de ne plus se cacher, elle prend la liberté de quitter sa place, afin de contourner la table, et venir s’installer sur les jambes du Mumford, enroulant ses bras autour du cou de Sidney. Vraiment, il ne lui facilite pas la tâche, à agir ainsi. C’est très difficile de résister à l’envie de lui dire ce qu’elle ressent, au plus profond de son cœur. Bien trop difficile, alors tant pis pour les désirs de romantisme. Il faut parfois se jeter à l’eau, prendre les devants. Je t’aime, Sidney. Et je n’ai pas peur de le dire à haute voix. murmure-t-elle, tendre sourire aux lèvres, avant de se pencher pour sceller cette déclaration dans un baiser. Baiser aussi tendre que son sourire, qui fait écho à l’ambiance romantique qui plane dans l’air du Lakeside, alors que la saint Valentin n’est plus qu’un lointain souvenir. Tu me combles de bonheur, et je n’ai qu’une envie, celle de passer chaque minute de mon existence à tes côtés. Certes, ce n’est pas possible dans la configuration actuelle mais… cela reste le fond de sa pensée. Elle est accro, et c’est irréversible. Il a suffit de quelques jours en tête à tête, chez elle, au cours du mois de janvier pour apprécier sa compagnie, sa présence… et ressentir le besoin irrémédiable d’avoir cette sensation chaque jour. Alors je serais plus qu’heureuse que tu m’accordes le privilège de ton premier vol en avion, que tu m’accompagnes à Chicago pour faire mes cartons… tout en marquant ton territoire, si jamais Patrick est dans le coin. Même si elle possède encore les clés de l’appartement, Mila est trop bien élevée pour ne pas prévenir son ex au préalable, de sa visite, puisque cet endroit est plus vraiment son appartement désormais. Si ça se trouve, ses affaires sont déjà en cartons, prêtes à s’envoler pour Pine Creek, ou San  Francisco, dans son ancienne chambre d’ado, chez ses parents.

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Ce n’était pas prévu que Mila prononce ces petits mots, ces fameux trois petits mots qui, alignés, sont source de pas mal d’émotions. Mais en vérité, est-ce que l’on peut réellement planifier le moment où ils vont sortir ? Elle n’en est pas sûre, la Jenkins, presque autant qu’une part d’elle pense qu’il doit y avoir des personnes tellement maniaques qu’elles ont un planning pour toutes les étapes de leur vie, y compris dans leur relation. Soit. Là n’est pas le sujet. Ce n’était pas prévu, surtout car elle pensait pouvoir se montrer patiente, assez pour que ce soit Sidney qui fasse ce premier pas, qu’il agisse - dans un certain sens - comme un gentleman. C’était sans compter sur le fait que… et bien Mila, ce n’est pas n’importe quelle femme. C’est une femme de caractère, qui suit ses propres règles, qui ne s’encombre pas des moeurs de la société. Alors tant pis pour le code de conduite décrit dans les magazines féminins, les attentions de son compagnon sont trop nombreuses, trop intenses pour ignorer ses propres sentiments, pour ignorer le fait qu’elle est retombée amoureuse de lui, encore plus intensément que la première fois. Ses sentiments, ils sont remontés à la surface, et elle s’est pris une bonne claque avec, Mila. Ils font gonfler son coeur de bonheur, ils lui donnent des papillons dans le ventre, des étoiles dans les yeux, des sourires sur ses lèvres. Tous les signaux sont au vert pour, non plus parler d’affection, mais d’amour.
Alors ouais, Ludmila Jenkins est capable d’être romantique, de dire de jolies choses spontanément, pour la simple et bonne raison qu’elle est incapable de garder quelque chose d’aussi important en elle, pour elle. Elle l’aime comme un dingue. Elle est accro. Elle était déjà foutue dès leurs retrouvailles, aussi difficiles émotionnellement qu’elles ont été. Ce petit quelque chose était déjà là, dans l’air, titillant le myocarde de la brune, et la corde sensible de la nostalgie. Elle l’aime. Elle lui dit avec des mots, avec un baiser, avec encore plus de déclarations, et un soupçon de plaisanterie, histoire que ça ne dégouline pas trop d’amour dans la pièce. Le côté cucul la praline, ce n’est pas trop le genre de la brune, il ne faudrait pas que Sidney s’habitue à ça. On part ensemble. répète-t-elle, comme pour sceller dans le marbre cette certitude, qu’il ne puisse plus revenir en arrière, changer d’avis pour x raison.
Et puis… c’est à son tour d’être la destinatrice des trois mots d’amour. Un je t’aime qui fait tant d’effet sur elle. Une dose d’adrénaline dans son cœur, qui s’emballe dans sa poitrine. Un coup de chaud au niveau de ses pommettes, qui se parent d’une teinte de rose complètement naturelle. Les papillons dans le ventre, avec la sensation d’être aussi légère qu’une brise. Cependant, elle rigole lorsqu’il fait remarquer qu’il pensait être le premier à prononcer ces mots. C’est ce qu’elle pensait aussi, comme elle pensait ne jamais se remettre en couple avec Sidney Mumford donc… comme quoi, il ne faut jamais s’arrêter sur une certitude, la vie parvient toujours à glisser des surprises. Que veux-tu, je suis une compétitrice, et je ne m’en cache pas. J’aime être la première. affirme-t-elle, un air fier sur son visage. Au fond, elle a conscience que ce n’était pas une compétition, et sans que ça ne le soit, il aura bien des occasions d’être le premier ailleurs, d’avoir l’initiative d’autres demandes. Ça ne manque pas, dans une relation. Partir en voyage à l’autre bout du monde, vivre ensemble, acheter un bien commun, avoir un bébé… ou se marier. De bien jolies perspectives qui pourraient monter à la tête de la belle brune, si celle-ci n’était pas déjà submergée par bien des questions à régler, au plus vite. Et ça, c’est quand son attention n’est pas capturée par les manifestations de sentiments de son compagnon, par un baiser qui n’est plus aussi innocent que celui qu’elle lui a donné, il y a quelques instants. C’est souvent comme ça entre eux. Il y a de la légèreté, de la douceur, de la séduction innocente. C’est le premier pas qui mène vers cette alchimie indéniable entre eux, vers la passion qui s’anime tel un brasier ardent. Il ne faut pas longtemps avant que ça se propage dans le restant des corps, vers l’envie d'approfondir les contacts physiques, le besoin irrésistible de la proximité. Tu es sûr ? Le bureau ferme à clé tu sais… Un murmure contre ses lèvres, une information loin d’être innocente, mais également déraisonnable. Ici, au Lakeside ? Après tout, ça ne devrait pas l’étonner, Mila a été transparente sur ça, dès le premier soir, elle n’a aucune limite de ce côté, le risque serait plutôt un coup d’accélérateur à l’excitation. Mais elle connaît bien trop le professionnalisme du Mumford pour avoir la prétention de pouvoir le convaincre aussi facilement. Elle peut se tromper, mais c’est avec cette optique qu’elle consent à se détacher de ses lèvres de son amoureux, ainsi que de son corps pour se relever. Je dis ça… dit-elle, l’air de rien, comme la tentatrice qu’elle aime être, en faisant le tour de la table pour retourner à sa place, face à son ordinateur. Comme il lui a demandé, elle a des places à réserver, le plus vite possible, si jamais elle veut pouvoir s’offrir le luxe d’un départ à l’horaire qu’elle désire. Je ne sais pas si tu as eu le temps de voir… Un sourire se glisse sur ses lèvres, avec de l’amusement dedans, parce qu’elle a encore un doute sur le fait qu’il ait vu involontairement tout ça. Mais ce serait la semaine prochaine, en semaine. Départ le mardi, et un retour dans la journée du jeudi. Il y a plus de six heures de vol donc… comme je te disais, c’est vraiment expéditif. J’ai rendez-vous le mercredi à mon agence, et faut que je gère les cartons aussi. Mais… si tu es là, ça ira probablement plus vite que prévu, et avec un peu de chance, on pourra faire du tourisme. Il y a l’Institut d’Art, et Millennium Park que je voudrais te montrer. Comme, impossible de ne pas te faire découvrir les célèbres pizzas de Chicago. C’est un incontournable, un affront de ne pas aller en manger une. Ce serait comme d’aller à Paris, et ne pas manger un croissant en terrasse, ou des gaufres en Belgique. Un réel affront. Bien que, dans le cas présent, ils pourront toujours y retourner une autre fois. Ou pas. Après tout, il n’y a plus grand chose à Chicago pour Mila désormais… son cœur s’enracine de plus en plus à Pine Creek, et son charme local.

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Un seul geste de la part du brun suffisait pour convaincre Mila, un signe pour s’enfuir comme des voleurs jusqu’à cette pièce qui fait office de bureau dans le restaurant, un endroit avec une table, des chaises, des bibliothèques pour ranger tous les documents, mais surtout, un endroit où il est possible de fermer la porte à clé, gage d’une intimité pendant de précieuses minutes où ils auraient pu librement - ou presque - exprimer leurs émotions, et leurs envies. Sauf que cet homme est tenace, probablement aussi obstiné que ne l’est la décoratrice lorsqu’elle a une idée dans la caboche. Alors il ne déroge pas à ses propres règles, ne cède pas à la tentation d’un tête à tête coquin au sein du Lakeside, ce que Mila accepte, sans broncher, sans même afficher une certaine mauvaise humeur. Au contraire, elle switche assez vite pour retrouver du professionnalisme, de l’organisation. Là, face à son ordinateur, la femme d’affaires refait surface, la femme organisée et minutieuse. Elle a eu le temps de songer à cet aller retour jusque dans l’Illinois, elle a déjà la plupart des détails importants, les tâches qu’elle doit absolument boucler pendant ce laps de temps qui est assez court. Sidney ne faisait pas partie de l’équation, mais comme il a décidé d’être de ce voyage, Mila l’informe de tout, s’assure qu’il soit d’accord avec ce qu’elle avance, pour ne pas le mettre au pied du mur dans quelques jours. Sauf que voilà, elle a un petit-ami que l’on pourrait qualifier de parfait. Pour l’instant, en tout cas. Un homme capable de dire amen à - presque - tout, tant qu’ils sont ensembles. Il devrait prendre garde, le Mumford, la belle brune pourrait facilement s’habituer à avoir autant de pouvoir, mais le connaissant, elle sait qu’il est parfaitement capable de prendre le dessus, de s’imposer dans leur couple. Un baiser posé sur ses lèvres, et il s’éloigne pour reprendre son poste. Bien, un peu plus, et elle aurait pu prendre sa casquette de boss, Mila, pour lui rappeler qu’il n’est pas payé à ne rien faire, sur le ton de la plaisanterie, bien évidemment. À la place, c’est autre chose qu’elle lui lance, assez fort pour être entendue. Tu ne verras aucun inconvénient à voyager en première classe, dans ce cas. lance-t-elle, avec de rire doucement. Mila est une femme avec de la classe, aimant un certain confort dans son quotidien, et cela passe également par des trajets en avion agréables, surtout que celui-ci dure plus de six heures. C’est énorme. Bien assez long pour débourser plus cher.

Le restant de la semaine file comme le vent, ainsi que le week-end. Un week-end qu’elle a pu passer en grande partie chez Sidney, compte tenu de l’absence de Logan, retourné chez sa mère pour les sept prochains jours. De quoi continuer d’alimenter l’effet lune de miel qui est dans l’air, depuis la mi-février. Un petit nuage de bonheur, où Mila se sent bien, n’a vraiment pas envie de redescendre. Pourtant, il y a un peu d’angoisse qui s’invite, à mesure que les jours passent, que le départ pour Chicago approche. Retourner là-bas, après plus de cinq mois… elle ne sait pas trop comment elle va réagir. Aller à San Francisco, c’était différent. Mila n’a aucune intention de retourner vivre, un jour, dans sa ville natale, près de ses parents. Il n’y avait aucun risque. Or… Chicago ? Elle a toujours apprécié cette ville, l’effervescence, les amis et/ou collègues qu’elle a encore là-bas. C’est quitte ou double, jouer avec le feu, alors qu’elle est dans un entre-deux, dans sa situation professionnelle, et concernant son logement. Des sujets qu’elle devrait aborder avec Sidney, ils sont en couple à présent mais… une part d’elle craint que ça ne puisse alimenter ses doutes, ceux qui persistent malgré la bonne volonté de la brune. Alors elle se tait, elle prend sur elle, et tente de gérer en solo tout ça, comme la femme forte et indépendante qu’elle est, depuis plusieurs années.
Une fois à l’aéroport, Mila en profite pour régler certains détails, tout en restant près de Sidney. Ce n’est pas le lieu idéal pour passer des coups de téléphone mais… avec le décalage horaire, c’est maintenant ou jamais. Mais la voix qui résonne dans le hall incite la jeune femme à ranger son téléphone, et à rassembler ses affaires, afin qu’ils puissent prendre le chemin qui mène au tarmac, et jusqu’à leur avion. Oui. confirme-t-elle, à Sidney, alors qu’elle pose une main sur sa valise, avant de saisir la main libre de son compagnon avec l’autre. Elle voit bien qu’il n’est pas très rassuré, alors pour tenter de l’apaiser un peu, au lieu de dire des mots superflus, elle se contente de serrer sa main, tout en prenant les rênes de tout ça. Le contrôle des billets, le tunnel menant jusqu’à l’avion, l’embarquement, les quelques pas pour rejoindre les sièges qui sont les leurs… et ils peuvent enfin s’asseoir, après s’être mis aussi à l’aise que possible, pour supporter les prochaines heures. Il va falloir patienter encore un peu, avant que l’avion ne décolle, alors Mila, elle continue de prendre à coeur son rôle de petite amie, de soutien pour Sidney qui prend l’avion pour la première fois. C’est énorme, Mila mesure parfaitement tout ça, et ça ne fait qu’accroitre les sentiments qu’elle ressent pour lui, pour cet homme qui se plie en quatre pour elle, chose qu’il n’a pas pu faire à l’époque. Finalement, je n’ai pas réservé de chambre à l’hôtel. On va pouvoir loger chez des amis à moi. Ils ne sont pas là cette semaine, alors ils me prêtent leur appartement le temps de notre séjour. Parler semble être une bonne idée pour faire oublier à Sidney où ils sont, ce qu’ils s’apprêtent à faire. Et puis, ce n’est pas parler pour ne rien dire, c’est tout de même important de lui préciser où ils vont passer les deux nuits du séjour. Parce que bon, il était inconcevable de dormir dans son ancien appartement, avec ou sans Sidney, d’ailleurs. Mila sait qu’il y a un gros risque de croiser Patrick, alors plus elle pourra écourter ce moment, mieux elle s’en portera. Je te suis vraiment reconnaissante de faire tout ça, pour moi. Ça compte beaucoup à mes yeux, et j’espère que l’on pourra bientôt faire quelque chose que tu auras décidé toi. Mais pas un week-end de pêche, s’il te plaît. Rien que la pensée de devoir toucher un poisson encore vivant… oh mon dieu. dit-elle, avec une mine de dégoût, alors qu’un frisson lui parcours le corps. Même s’il y a une volonté de le rassurer, elle est sincère, Mila. Il a accepté de venir à San Francisco en février, et maintenant, ils vont ensemble à Chicago. Elle ne voudrait pas qu’il soit le seul à faire des efforts, et des compromis, même si elle a conscience que la situation joue beaucoup, que la brune ne fait pas tout ça pour le plaisir, mais bien pour mettre ses affaires en ordre.

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Jamais elle n’aurait eu l’idée de passer quelques nuits dans son ancien appartement. Depuis qu’elle en a claqué la porte, pour se rendre à l’aéroport, là où l’attendait l’avion la conduisant à sa nouvelle vie, Mila n’a plus considéré cet endroit comme le sien. Il y a peut-être encore des affaires à elle, la décoration respire la personnalité de la Jenkins plus que celle de son ex petit-ami, mais même si les choses avaient été différentes ces derniers mois, si la brune était revenue vivre à Chicago pour continuer sa petite vie, elle n’aurait pas repris le cours de son histoire avec Patrick. Elle se serait débrouillée, squattant chez des amis dans un premier temps, ou en trouvant une nouvelle location sur le pouce, mais ô jamais elle ne fera demi-tour pour retourner dans les bras d’un homme qui n’a pas su la soutenir lorsqu’elle en avait besoin, à savoir le décès de sa grand-mère. L’option de l’hôtel était vite vue, pour les quelques nuits sur place. Mais lorsque ses amis ont eu vent de son passage en ville, des anciens collègues à la brune d’ailleurs, ils n’ont pas attendu longtemps pour lui proposer de loger chez eux, pour lui éviter les frais d’une chambre. Ça peut paraître un peu étrange, surtout qu’elle ne vient pas toute seule, Mila, mais elle apprécie cette idée, le fait d’être dans un endroit familier, et non dans une chambre impersonnelle. Ils seront plus libres de leurs mouvements , pourront décider de flâner une partie de la nuit pour rentrer à pas d’heure, sans risquer de se prendre le regard noir d’un portier un peu vieux jeu.
Elle parle, Mila, et enchaîne. Elle a bien une idée derrière la tête, celle de détourner l’attention de Sidney, monopoliser toutes ses pensées pour qu’il ne pense pas à ce qu’ils sont en train de vivre. Elle ne se force même pas, elle a toujours une multitude de sujets en réserve pour alimenter la conversation, le brun a pu le constater à plusieurs reprises, le silence n’est pas une option entre eux, et s’il vient… il faut se poser des questions. J’aime quand tu m’appelles comme ça. confie-t-elle, un tendre sourire qui s’installe sur ses lèvres pulpeuses. Si l’entendre l’appeler bébé la fait rouler des yeux, Mila aime les surnoms affectueux comme celui-ci, dès qu’il veut l'interpeller. Son cœur manque un battement, à chaque fois, mais ce n’est pas désagréable. Au contraire. Ce sont de minuscules détails qui font que… ils sont bien ensemble, en train de construire un nous qu’ils n’ont pas eu le temps de faire, à l’époque, mort dans l'œuf à cause de leur jeune âge, ou bien d’un manque d’expérience de la vie. Et je suis ravie de l’apprendre. J’apprécie mieux le poisson que j’ai dans mon assiette si je n’ai pas été témoin des derniers instants de sa vie. Un fait qui est également valable pour les animaux, la brune n’a pas besoin de faire ami ami avec eux, avant de les manger. Mais c’est une précision qu’elle se garde de faire, elle sait pertinemment que son petit-ami n’est pas un chasseur non plus.
Rassurée de ne pas devoir prochainement subir un week-end entier au bord d’un lac à attendre que le poisson daigne mordre à l’hameçon, elle s’installe un peu plus confortablement dans le fond de son siège, Mila, la tête tournée vers le brun, sa main glissée précieusement dans celle de Sidney, aussi bien pour lui apporter un contact réconfortant que par envie, par ce besoin de le toucher, de le sentir contre elle, d’une façon ou d’une autre. Elle est rassurée, heureuse d’entendre de sa bouche que tout ceci n’est pas une corvée, qu’il a réellement envie d’être ici, qu’il ne se force pas pour lui faire plaisir ou pour lui prouver quoique ce soit. Ce n’est pas comme ça qu’elle envisage un couple, son couple. Il faut faire des compromis, des concessions, des efforts même, mais avec une certaine limite. Bien sûr que non, je suis toujours partante pour aller faire du camping avec toi. Et même avec Logan, tu sais. Parce que ce n’est pas uniquement toi, c’est vous. Je ne veux pas que l’on planifie des sorties que lorsqu’il est avec Lauren, j’ai également envie de l’intégrer à notre quotidien. Leur couple est encore assez récent, Mila a conscience d’être dans une période de lune de miel, où rien ne pourrait la faire grincer des dents, même venant de Sidney. Une période à chérir, où ils tentent de profiter de tous les moments où ils sont seuls pour se découvrir, se re-découvrir, se chercher, se trouver, se séduire… mais Sidney n’était pas un homme célibataire lambda, il y a son fils dans l’équation, il a été clair et net à ce sujet, Mila sait que cela implique un rôle de belle-mère, par extension. Et, bien qu’elle ne soit pas la plus à l’aise avec les enfants, elle ne se cherche pas d'excuses pour éviter le garçon, ne se cache pas chez elle. Un principe qu’elle va pouvoir doublement appliquer, maintenant qu’ils sont publiques.  
Attentive, elle ne manque aucun des mots de son compagnon. Son cœur se gonfle un peu plus à chaque phrase, on pourrait presque croire à une déclaration d’amour, improvisée dans l’avion. Elle n’est pas adepte du romantisme, Mila, mais elle se surprend à succomber à tout ça, depuis qu’elle a cédé à son attirance pour le brun, à l’abri des regards, dans son appartement. C’est peut-être lui, ou bien l’air de Pine Creek qui change petit à petit la jeune femme. Le pire… c’est que ça ne lui fait pas tant peur, elle aime bien. Plus que bien. Des mots imprégnés d’amour, qui s’achèvent avec un tendre baiser, et l’affirmation de ses sentiments pour elle. L’avion a beau être encore au sol, Mila sent qu’elle a quitté la terre ferme avec tout ça. Si je n’étais pas déjà séduite, je pense que tu m’as totalement conquise avec tout ça. souffle-t-elle, contre ses lèvres, avant de lui donner un autre baiser. Moi aussi, je t’aime. l’informe-t-elle, tellement heureuse de pouvoir poser des mots sur ce qu’elle ressent un peu plus chaque jour pour lui. Tu ne peux peut-être pas me menotter à Pine Creek mais… Elle se rapproche un peu, pour lui glisser la fin de la phrase à l’oreille, pour que cette conversation reste secrète. Tu peux le faire quand tu veux à ton lit. Regard plein de malice qu’elle lui adresse, avant de poser un baiser dans son cou, zone érogène, qui convient parfaitement avec le ton de la conversation. Il n’y a que le lieu qui n’est pas propice à tout ça, et c’est bien ce qui incite Mila à reprendre un semblant de sérieux. Tu sais… pour être parfaitement honnête avec toi, Chicago ne compte plus tellement à mes yeux. Je veux dire… je te l’ai déjà dit, je ne suis pas tant attachée à un lieu, à une maison. Ce sera plutôt aux personnes que j’ai autour de moi, c’est eux qui feront que je me sentirais chez moi. C’est pour ça que San Francisco avait la primeur dans son coeur pendant les presque vingt première années de son existence, puis que Chicago a pris le relai, lors de ses études, lors de ses rencontres, de ses relations, en même temps qu’elle grimpait les échelons de sa carrière. Mais aujourd’hui, les choses sont différentes. Et aujourd’hui… et bien une page se tourne au niveau de mon job, il y a l’arrière goût du comportement de Patrick… c’est comme si la ville de Chicago était un chapitre refermé de mon histoire. Je suis actuellement dans une transition, dans l’attente du prochain long chapitre, je crois. La réponse saute tout de même aux yeux, il ne manque que le panneau lumineux en grosses lettres avec noté Pine Creek pour comprendre, mais pour réellement le dire à haute voix, il y a encore un point à régler. Mon bail se termine à la fin du mois. Comme pour mon congé à l’agence, j’avais pris six mois. Ca me semblait amplement suffisant pour savoir ce que je voulais faire avec le restaurant. Si c’est bientôt réglé pour mon taff… c’est encore le gros flou artistique quant à mon futur logement. lui confie-t-elle, en se mordant légèrement la lèvre, la tête qui se pose contre le dossier. Elle ne sait pas du tout quoi faire, de ce côté là. Il y a beaucoup trop de choses qui se bousculent dans sa tête pour réussir à y voir très clair. Et ce n’est pas la voix dans l’interphone qui demande à ce que les ceintures soient parfaitement bouclées, parce que l’avion va décoller, qui va lui apporter une réponse, une idée lumineuse. Sachant que le moment risque d’être un peu compliquée, la brune ne retire pas sa main, elle vient nouer ses doigts avec ceux de Sidney, tout en lui murmurant un Tout va bien se passer. À peine quelques minutes… et ils seront tranquillement dans le ciel, sans la moindre turbulence.

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En voyant le brun, on ne pense pas immédiatement au fait qu’il puisse être pudique sur certaines choses. Assez naturellement, Sidney dégage un certain charisme qui met facilement à l’aise, du moins, quand il n’est pas détestable au plus haut point, qui donne le sentiment d’être comme un poisson dans l’eau, en toute circonstance. Ainsi, constater cette légère gêne lorsqu’elle se met à dire des trucs osés à haute voix… et bien, ça fait sourire Mila. Il faut croire que ces dernières années ont su la décomplexer totalement dans ce domaine, faire d’elle une femme forte qui s’assume, et qui assume sa sexualité. Elle sait que ça peut rebuter certains, en effrayer d’autres, mais elle ne se voit pas changer pour autant. Par contre, si jamais elle apprenait que son compagnon est mal à l’aise avec cela, bien évidemment qu’elle fera des efforts pour modérer ses propos, au moins en public. Il n’a jamais rien dit, pour l’instant, alors elle suppose qu’il est d’accord avec ça. Sidney est comme elle sur la franchise, il n’y va pas par quatre détours quand il a quelque chose à dire, elle espère qu’il fera de même sur tous les aspects de leur couple, des sujets les plus barbants comme les finances à ceux plus privés comme la sexualité. L’avantage d’avoir déjà vécu des relations depuis qu’ils ont été ensemble, c’est de savoir aujourd’hui ce que la brune désire, et ce qu’elle ne veut surtout pas. Dans la deuxième catégorie, elle ne veut pas d’une relation où il faut marcher sur des œufs, retenir des pans de sa personnalité pour s’adapter à l’autre. Non, il faut trouver le partenaire qui nous acceptera toute entière, et qui n’aura rien à redire. Et inversement.

Avec lui, Mila se sent à l’aise de parler de tout, d’ouvrir son cœur comme ses pensées pour partager ce qui peut la tracasser à l’instant T. Ce n’est pas vraiment du tracas, là, mais disons que c’est la continuité de la discussion. Le fait de parler de ses ressentiments sur Chicago l’amène à parler de la fin de son bail, qui aura lieu à la fin du mois, et qui va naturellement avoir des conséquences sur son quotidien, sur leur quotidien. Et puis, dans un couple, n’est-on pas censés discuter d’absolument tout, de se tourner vers l’autre pour recueillir un avis, un conseil, du soutien ? Elle ne sait pas trop, la Jenkins, il y a tant de possibilités pour résoudre cette équation, et son esprit n’est pas vraiment apte à se pencher sur la question, parce qu’elle a à l’esprit le fait de clôturer un chapître professionnel avant tout, d’où leur présence dans l’avion. Engin sur le point de décoller, les passagers sont appelés à boucler les ceintures, le fait que la magie opère, que chacun quitte la terre ferme pour planer avec les volatiles. Un moment plutôt rapide, pour ceux qui ont l’habitude. Aussi, la brune ne doute pas de la pénibilité de l’instant pour son compagnon, mais elle ne dit rien, ne fait aucun commentaire à ce sujet, puisqu’elle a été dans ce cas-là également, il y a des années, lors de son tout premier vol dans un avion. Tu n’as pas à l’être. le rassure-t-elle, avec un tendre sourire, alors qu’il reprend sa main pour la porter à ses lèvres, et y déposer un baiser. Un vrai gentleman. souffle-t-elle. Ce n’est pas un reproche, au contraire, elle apprécie cette partie de lui, ce côté british qui peut ressortir parfois, le charme des anglais. Il est bien plus séduisant que les nombreux goujats qui sont entrés dans la vie de la belle brune, des hommes pas galants pour un sou.
Le vol se passe, on ne ressent pas la moindre vibration qui pourrait faire penser qu’ils sont à des kilomètres au-dessus du sol. La météo à l’extérieur est idéale pour un baptême de l’air, c’est certain. Peut-être que d’ici une heure ou deux, Mila lui proposera de jeter un coup d'œil à travers le hublot pour admirer la vue, découvrir ce sentiment de liberté. Mais pour l’instant, il semblerait qu’une conversation assez sérieuse se profile à l’horizon. Une conversation que la brune n’avait pas vu venir, puisqu’il n’y avait aucune arrière pensée lorsqu’elle a parlé de la fin de son bail à Sidney, si ce n’est d’être transparente avec lui sur la suite de ses projets. Pardon ? Le mot qui sonne comme une question, c’en est une d’ailleurs, sort de ses lèvres naturellement. Si lui sait parfaitement le cheminement de ses propos, c’est loin d’être le cas pour la Jenkins qui n’est plus du tout sur la question de son logement, aussi, c’est difficile de comprendre l’objet de sa demande. Si elle ne percevait pas le sérieux qui se profile, Mila pourrait même lui faire remarquer que c’est difficile d’aller chez lui, là, maintenant, alors qu’ils sont dans le ciel américain. Heureusement, elle peut compter sur lui pour éclairer sa lanterne, pour l’aider à comprendre qu’il lui propose de venir habiter chez lui, plutôt que d’envisager une solution temporaire. Oh wow, est-ce son cœur qui bat un peu plus rapidement dans sa poitrine ? Il faut le croire. C’est un énorme changement, ça. De l’ordre de ceux que l’on envisage après un certain temps de relation, certainement pas après… un mois et demi, plus ou moins. Ça cogite un peu trop dans sa tête, le côté raisonnable des débuts revient en force, un côté assez contradictoire puisqu’ils ont également avoué ne pas vouloir prendre trop leur temps… vraiment pas nets ces deux-là, aucune logique dans leurs envies, mais il faut croire qu’ils arrivent à se comprendre tous les deux, c’est le plus important. Là, c’est juste que ça paraît dingue, totalement déraisonnable, presque stupide. Bon, il parvient à lui arracher un sourire amusé avec son histoire de vêtements et de chaussures. C’est vrai qu’il ne sait pas dans quoi il s’embarque, il pourrait avoir un aperçu s’il avait accepté de regarder un épisode de Sex and the City, parce que Mila est une vraie Carrie Bradshaw. Mais ce n’est pas juste une question de vêtements, tout ça. C’est un gros engagement, une grosse prise de risque alors que leur couple est encore tout jeune. Alors oui, l’hésitation lui prend aux tripes, elle n’est pas si spontanée sur ce genre de choses, Mila. Je ne sais pas comment tu fais pour faire passer une chose aussi sérieuse en… quelque chose de banal. Parce que dans la bouche du brun, ça semble si anodin comme de proposer un canapé à un ami en galère, alors que ce n’est pas le cas, ce n’est pas une décision temporaire. Tu as conscience que ce n’est pas juste une moitié de lit, ou quelques vêtements à moi dans ton armoire… ce n’est pas… me faire un petit peu de place pour faciliter toutes nos entrevues… C’est l’étape qu’ils auraient pu d’abord envisager, maintenant qu’ils ont décidé de vivre cette relation pleinement, à la vue de tous. Le fait de mettre des affaires chez l’autre, pour pouvoir décider sur un coup de tête de passer la nuit chez l’un ou chez l’autre, sans être dépourvu d’affaires pour le lendemain. Une étape totalement passée à la trappe pour aller directement à la dernière, celle de vivre sous le même toit au quotidien, tous les jours de l’année, sans exception. On est encore dans un mood où c’est tout beau tout mignon entre nous, tu n’as pas peur que… d’ici un mois ou deux, on commence à se taper sur les nerfs, et que tu regrettes de m’avoir proposé ça aussi vite ? Surtout qu’on a même pas encore organisé un truc officiel avec Logan… imagine qu’il me déteste ? Je ne voudrais pas que ça pose des soucis avec votre mode de garde avec Lauren. D’ailleurs, je ne l’ai même pas encore rencontré… Tous ces petits détails qui sautent aux yeux de la jeune femme, qui lui soufflent que c’est une très mauvaise idée de se précipiter de la sorte dans cette relation, alors que de l’autre côté, elle a pu constater que quelques jours sans lui causait un terrible manque, tant elle est déjà accro, alors la perceptive de passer toutes ses nuits avec lui est particulièrement alléchante. Autrement dit, c’est le bordel. Mais ça tombe bien, il y a au moins six heures de vol devant eux, sans la possibilité de sortir de l’avion.

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La ceinture a beau être décrochée de sa taille, puisqu’ils sont désormais haut dans les airs, le sentiment d’oppression persiste chez la pétillante Jenkins. Attention, ce n’est pas un sentiment totalement désagréable, c’est seulement un emballement de son rythme cardiaque, ainsi que celui du flux de ses pensées. Les responsables à cela ? Quelques petits mots prononcés par le Mumford, avec un calme si plat que cela perturbe Mila. Comment fait-il pour être aussi serein après avoir proposé à la belle d’emménager avec lui, une fois que son bail aura pris fin ? C’est tout de même une décision importante, un gros changement pour tous les deux, aussi bien individuellement que pour leur couple. Oui, c’est une étape de dingue dans leur relation qui est encore si jeune… alors oui, Mila Jenkins est légèrement en train de flipper. Oh, elle a déjà expérimenté le fait de vivre avec quelqu’un, avec Patrick notamment. Elle comprend la notion de concession, de respect de l’autre, du besoin d’un jardin secret pour pouvoir évoluer sur le plan personnel autant que dans la relation. Ce n’est pas un problème. C’est juste… elle ne sait pas, probablement les petites voix dictées par la société, celles qu’elle devrait ignorer, qui se mêlent à sa voix intérieure, celle qui lui souffle d’être raisonnable. Oui, que des voix. C’est idiot.
Que fait Mila lorsqu’elle est un peu stressée ? Elle parle, évidemment. Bon, elle le fait aussi dans son état normal, mais là, les informations fusent vite, trop vite pour laisser Sidney en placer une. Le pauvre, quand même. Heureusement qu’il sait comment réagir dans ces moments. Il faut laisser la brune terminer sa tirade, et ensuite lui faire remarquer qu’elle monopolise la discussion, qui n’en est pas une, du coup, mais un monologue. Oups. Elle pourrait rigoler aux mots du brun, parce qu’il a raison, mais Mila préfère écouter ce qu’il dit. Aussi, elle se cale dans le fond du siège, et prend une profonde inspiration. Ce serait bête de devoir déclencher les masques à oxygène, uniquement pour elle, parce qu’ils sont en train de parler de leur avenir. Non, il faut qu’elle se taise, qu’elle place son cerveau en mode off et qu’elle se contente de l’écouter lui, uniquement lui. La proposition est son idée, après tout, ce serait plus judicieux d’entendre ses arguments, le cheminement de sa pensée avant de laisser son propre cerveau s’emballer comme un cheval au galop. Elle n’aime pas trop qu’il puisse avancer la possibilité qu’elle s’en aille facilement. Dans l’esprit de Mila, c’est le genre de décision presque définitive, certainement pas une solution temporaire, pas comme une colocation à l’université, quoi. Mais il marque un point, s’il y a le moindre désagrément, c’est possible de retrouver une indépendance, chacun de son côté, parce que Mila est assez débrouillarde pour s’en sortir toute seule, c’est ce qu’elle fait depuis plusieurs mois, déjà. Logan… et bien, avec le garçon, ils se sont déjà croisés, au restaurant, et un peu la semaine passée, après avoir décidé d’être publiquement en couple avec Sidney. Le courant semble passer, en tout cas, la brune n’a pas le souvenir d’un regard mauvais de la part du petit garçon, un regard qui voudrait dire “éloigne toi de mon père” donc… c’est bon signe ? Et Lauren, bah ouais, que ça clique ou non entre les deux femmes, le dernier mot revient à Sidney, heureusement. Bon, à choisir, Mila préfère entretenir une bonne relation avec cette femme, pour éviter tout malaise mais ça… la réponse appartient à l’avenir.

Après un tel discours, on se demande pourquoi Mila hésite encore. Son compagnon vient de lui offrir sur un plateau toutes les raisons d’accepter, vient de balayer toutes les voix du revers de la main, pour ne laisser qu’un calme apaisant dans la tête parfois un peu trop remplie de la Jenkins. Elle est sur le point de craquer, d’envoyer balader - elle aussi - les bonnes conventions, la société et tout le bordel. Sauf qu’il ajoute quelque chose, cinq petits mots qui effacent le sourire de la brune d’un coup. À la place, elle pose sur lui un regard perplexe. Tu viens vraiment de conclure en impliquant ma mère ? Certes, elle a fait la même chose en parlant de l’ex-femme de Sidney, qui n’a rien à faire dans cette conversation mais… la mère de la brune ?! Non, c’est petit, vraiment pas loyal, parce qu’il a raison, c’est le genre de nouvelle que la mère de Mila va apprécier, parce que c’est signe d’engagement. J’espère que ce n’est, ni pour faire plaisir à ma mère, ni simplement pour résoudre mon problème de logement, que tu me proposes ça. dit-elle, alors qu’elle pose sa tête contre le dossier, le regard tourné face à elle, avec un ton presque boudeur. Ce ne serait pas Mila s’il n’y avait pas un épisode d’humeur, si c’était aussi facile de lui arracher un oui de la bouche. Aucun plaisir à cela. Je vais y réfléchir… tu as encore cinq bonnes heures de vol pour me convaincre de venir vivre dans ton chalet. lance-t-elle, avec nonchalance. Cependant, le sourire taquin qui accompagne sa répartie n’est pas loin, se glisse très vite sur ses lèvres, parce qu’elle n’a pas besoin de plus d’arguments, ni même de réflexion. Mila sait déjà qu’elle meurt d’envie d’accepter, pour partager toutes ses nuits avec Sidney, sans exception, pour ainsi, rattraper le temps qu’ils ont perdu à cause de bêtises d’adolescents. En parlant de ma mère… Le sérieux, le vrai, revient doucement dans le ton de la voix de la belle. Elle ne sait pas trop si c’est le bon moment pour aborder le sujet mais… étant donné qu’ils sont dans les sujets sérieux, autant en profiter. Elle m’a rapporté quelque chose… à la fin du repas, quand on a été les voir à San Francisco en février. Cela remonte à plusieurs semaines, et pourtant, elle n’a rien dit, Mila. Elle trouvait ça un peu prématuré, totalement idiot même, surtout parce que ça venait de sa mère. Mais comme ils sont en train de passer à la vitesse supérieure, que souvent dans leur discours revient le fait que sans tout ce qu’il s’est passé, ils seraient déjà loin dans leur relation… ça lui semble judicieux d’aborder le sujet. De réellement l’aborder, pas en coup de vent à cause d’une parole lâchée dans son discours. Tu le pensais réellement… quand tu lui as dit que… tu n’étais pas fermé à l’idée d’avoir des enfants avec moi… mais qu’il faudrait que ça vienne de moi ? demande-t-elle, en tournant la tête vers lui, pour observer sa réaction. Elle ne se souvient plus de la tournure exacte, d’autant que c’étaient des mots rapportés par sa mère… mais l’idée est là. Au pire, lui doit se souvenir de ce qu’il a dit, il pourra toujours la corriger s’il y a eu méprise, ou déformation.

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Elle le sait depuis plusieurs semaines, Mila, mais ça ne l’empêche pas de poser sa tête contre le dossier de son siège, la mine renfermée, soupirant de lassitude face au comportement inapproprié de sa mère. Elle était au courant, mais avoir la confirmation de Sidney à l’instant ravive ce qu’elle a pu ressentir sur le moment. Sa mère a largement outrepassé ses droits, n’a fait que démontrer son absence de limites et de bonne conduite, visiblement. Oh, Mila savait que son compagnon aurait le droit à des questions gênantes, le genre à ne pas poser à l’homme qui partage officiellement sa vie depuis cinq minutes (façon de parler), mais de là à parler mariage et bébé ? Non, sa mère est totalement folle. C’est officiel. Le genre de scène qui donne envie à la brune d’espacer ses visites à San Francisco, ses appels à sa génitrice, ou du moins, filtrer les appels pour tomber uniquement sur son père, sur la seule personne sensée de ce couple improbable. Mila s’est souvent demandée ce que son père a pu trouver à une femme aussi exantrique que Carolyn pour l’aimer, l’épouser, lui faire un enfant, et surtout, être toujours à ses côtés aujourd’hui. Les pensées de Mila sont dures, elle en a conscience mais c’est ainsi, et elle souhaite de tout son cœur ne jamais, ô grand jamais, ressembler à sa mère, de près comme de loin.

Cette scène passée, aussi surréaliste qu’elle soit, les deux amoureux peuvent en tirer profit, celui d’aborder un sujet assez sérieux néanmoins nécessaire dans une relation. S’ils n’étaient que des adolescents, ils pourraient repousser la discussion à plus tard, mais la réalité est que Mila a passé le cap des trente-cinq ans, un âge encore jeune pour vivre mais déjà avancé pour procréer. Sans compter que Sidney approche de la prochaine dizaine, un cap également important, alors… oui, la question des enfants doit se poser, dès maintenant, visiblement, pour savoir ce qu’ils désirent, si c’est un projet commun pour l’avenir ou bien un sujet de discorde. La façon de faire de Carolyn est inacceptable, mais utile, même s’il est certain que la brune aurait aimé avoir cette discussion ailleurs que dans un avion.
Aux derniers mots de Sidney, la belle tourne doucement sa tête dans sa direction, sa main toujours logée dans la sienne. Ça ne sert à rien d’en vouloir à sa mère, d’autant qu’elle a elle-même orchestré la discussion donc… Aucune pression, oui. le rassure-t-elle, affichant un bref sourire sur ses lèvres. Je te l’ai déjà dit, je me moque des attentes de ma mère, ou celles de la société. ajoute-elle, avec un haussement d’épaules désinvolte. C’est sincère, Mila a toujours fait à sa manière sans se préoccuper de ce que les autres voulaient, faisant fi des conseils de sa tendre mère. Et ce n’est pas près de changer, celui qui parviendra à dompter Ludmila Jenkins n’est pas encore né. L’apaiser, l’adoucir… peut-être que oui, qu’il se trouve sur le siège à côté de celui de la douce mais… pour le reste, c’est niet. J’ai envie d’avoir un enfant, surtout si c’est avec toi. Parce que je te connais, ou bien je connaissais beaucoup le toi d’avant, mais j’ai eu le temps d’apprendre à connaître le toi d’aujourd’hui, sur les cinq derniers mois… Elle resserre légèrement sa main, parce qu’elle est sincère Mila, c’est un paramètre très important dans l’équation. Les débuts n’ont pas été très simples, pour ne pas dire houleux à souhait, mais le résultat en valait la peine. Mila n’a pu que constater qu’il ne faut pas se fier à la première impression, à la première image renvoyée par quelqu’un. Sidney n’est finalement pas l’homme froid et cruel qu’il a été lors de leurs retrouvailles, il est à l’inverse un homme généreux, tendre, parfois romantique sans le vouloir, avec de la sagesse et une bonne dose de maturité, acquise ces dernières années. Mais… certainement pas tout de suite. lui dit-elle, en appuyant bien sur le mais, ce qui parvient à la faire sourire elle-même, à lui décrocher un rire discret. Il y a toujours un mais, voyons. Je veux bien être totalement déraisonnable avec toi, à nous mettre en couple dès le premier date, à rencontrer mes parents après deux semaines ou… à emménager avec toi après plus ou moins deux mois… Elle roule des yeux, la brune, en prononçant ces mots, parce que c’est bien une façon de lui dire qu’elle accepte de venir vivre chez elle, d’ici les prochaines semaines, avant que son bail ne prenne fin, pour entamer un nouveau chapitre de leur histoire. Elle se contrôle, Mila, mais à l’intérieur, elle exulte de joie, se sent littéralement sur un petit nuage à l’idée de vivre cette relation à 1000%, plutôt que de marcher sur des œufs. Mais… pas pour faire un bébé. Parce que visiblement je suis entre deux logements à présent, que ma situation professionnelle est assez floue, et que… j’ai envie de faire les choses bien, vis-à-vis de Logan déjà. Si Mila doit faire sa vie avec Sidney, elle veut avoir l’opportunité de nouer un lien avec le garçon, avant d’envisager de fonder sa propre famille, ce qui ne serait pas possible (ou beaucoup plus compliqué) si elle devait tomber enceinte dès le mois prochain. Par ailleurs, elle se met à la place du garçonnet, comment réagirait-il si son père allait avoir un autre enfant avec une femme, sans que celle-ci n’ait cherché à apprendre à le connaître avant ? Il y a de quoi se sentir de trop, dans cette nouvelle relation, et c’est définitivement pas ce que souhaite Mila. Sidney. Le sérieux s’efface de son visage, un air plus pensif s’installe sur ses traits, en même temps qu’elle se rapproche un peu du brun. Quand tu dis “lorsque je serais prête”... ça veut dire que si je l’avais été dès maintenant, j’aurais pu te sortir “fais-moi un bébé dans cet avion” et tu auras dit oui ? On pourrait croire que c’est une façon détournée pour lui faire des avances, mais étonnamment, ça ne l’est pas. Non, Mila est juste très curieuse de comprendre les termes de la pensée de son compagnon, si elle aurait pu le prendre aux mots, sans condition. Ce n’est que de la curiosité, ça n’engage à rien, étant donné que ce n’est clairement pas un projet que la Jenkins veut avoir dans les prochains mois. Certainement pas avant d’avoir testé la vie commune avec Sidney, pour savoir s’ils s’entendent, ou avant de s’être assuré que tout est okay pour Logan, qu’il vit bien cette situation.