the less i know the better
livre ouvert sur la table, le stylo écrit de façon quasi automatique sur le cahier à lignes droites. tous les nombres du livre volent dans les airs, et t'es incapable de les remettre à leur place. mais tu continues à écrire, tu continues à faire comme si de rien n'était. un bruit sourd te fait sursauter. quelque chose s'est cassé dans la cuisine. une tasse ou une assiette. ton regard se dirige automatiquement vers tes frères, assis non loin, occupés et inconscients de ce qui se déroule dans la pièce à côté. ton regard se perd sur eux un long instant. tu les vois concentrés, froncer les sourcils à certains instants. du coin de la bouche, tu souris. tout est normal. tu les vois, et tout est normal. ton coeur qui battait plus fort qu'ordinaire se calme. ils ont ce pouvoir sur toi. tu te reconcentres sur le livre de mathématiques, sur le stylo, les lignes du cahier, et les calculs que tu dois faire.
mais soudain, un cri, puis un autre. une bagarre. la voix monte. jamais celle de ta mère. un courant glacé te traverse le corps, identique à une décharge électrique. à nouveau ces nombres qui volent et tout qui perd son sens. ta vue se brouille, les nombre semblent noyer dans les pages. tu comprends alors que t'as les larmes aux yeux. par automatisme, encore, tu te pinces le bras, le plus fort possible, tu sers, tu sers, pour stopper les larmes, les empêcher de couler. par miracle, ça fonctionne. les cris cessent dans la cuisine. ton père traverse le salon et claque la porte de chez vous. il est parti. le calme est revenu. tu peux entendre ta mère ramasser les bouts de vaisselle cassée. tu tournes ta tête vers asher et kent. ils ont relevé les yeux au passage de votre père, mais sont vite retournés vaquer à leurs occupations. tu souffles. une marque s'est formée sur ta peau diaphane. tu auras un bleu ce soir, tu le sais. mais ça a arrêté les larmes, et la peur, un instant, alors ça valait le coup. tu frottes un peu pour soulager la douleur et descends ton pull pour cacher la marque. technique que t'as souvent vu en oeuvre chez ta mère. tu souffles une seconde fois et tu reprends le stylo en main, et tu continues tes devoirs.


i was never there
"merde, merde, merde, merde." t'es paralysé. tout est calmé dans la pièce. ta mère est partie avec kent au supermarché il y a presque une heure, elle va vite revenir. mais t'arrives pas à bouger. t'es planté là, comme un idiot, comme un enfant. t'es bientôt un homme cameron, pourquoi tu ne peux pas bouger ? pourquoi t'es pétrifié comme ça ? combien de temps a passé depuis la découverte ? "merde, merde, merde, merde." tu répètes en boucle, en chuchotant inlassablement, incapable de réfléchier, de sortir d'autres mots de ta bouche. et toujours incapable de bouger. merde. tout est chamboulé maintenant. il y a un avant et un après maintenant. tu le sais. asher le sait. asher. tes yeux virevoltent dans la pièce, fous, et tu ne le vois pas. "asher." toujours un murmure. t'as peur qu'on t'entende. mais qui ? personne n'est à la maison. qu'asher, toi et votre père. ton père. putain. tu bouges enfin. s'il n'y avait eu que toi, t'aurais pu rester paralysé jusqu'à la fin de la vie, mais asher, tu dois trouver asher. "asher." tu répètes, un peu plus fort cette fois. tu rentres dans sa chambre. il est là. assis par terre, près de son lit, les jambes repliées contre sa poitrine. il bouge pas non plus. il pleure. tu te rues vers lui, à terre. tout devait se terminer. votre mère avait pris la décision de partir, de retourner chez elle et de fuire votre père à tout jamais. on va faire quelques provisions pour la route, on revient dans une heure, soyez prêts. qu'elle t'avait dit, le visage décidé mais le regard meurtri. il n'aurait jamais du rentrer du travail aussi tôt, ce n'était pas prévu. il a tout gâché, encore et encore. et maintenant asher va devoir vivre avec cet accident. toi aussi. mais toi t'as la carrure pour. que tu crois. pauvre gamin qui a grandi trop vite. "prends tes sacs et va au parc tout de suite ! maman ne va pas tarder à revenir pour nous emmener loin d'ici. va au parc en attendant, je te rejoins." ta voix est calme. comment c'est possible ? d'où te vient cette force alors tout en toi se déchire ? mais asher ne bouge pas. le temps presse. "ASHER ! fais ce que je dis nom d'un chien. va-t-en ! MAINTENANT." il se réveille de son cauchemar, te regarde un instant et se lève, prenant ses deux sacs d'affaire. prêt à franchir la porte, il se retourne et ouvre la bouche. d'un signe de main, tu lui dis de se taire. ton regard est froid désormais. t'es en colère comme jamais, et dieu sait que tu la connais, la colère. asher s'exécute. la porte d'entrée claque. t'es tout seul désormais. seul avec le cadavre de ton père. t'as envie de lui cracher dessus, de le piétiner jusqu'à ce qu'il disparaisse. mais il ne disparaîtra pas tout seul. alors tu dois agir, rapidement, intelligement. transformer cela en accident. faire comme si vous aviez quitté la maison quand il est revenu. t'as plein d'idées en tête mais le plan doit se mettre en exécution rapidement. deux étapes : masquer la présence d'asher puis prendre tes affaires et le rejoindre au parc. tu regardes l'horloge. le temps presse.


where de we go now ?
tant de choses ont changé. l'air n'est plus le même. moins pollué, plus pur, plus frais. tu sens des brises sur ton visage et ça te fait sourire. cela fait quelques temps que tu ne sursautes plus au moindre bruit, au moindre passage d'un agent de police, à chaque fois qu'asher ouvre la bouche. tu commences à vivre en paix, autant que faire se peut. tu respires à nouveau, un peu, rien qu'un peu, mais c'est suffisant pour le moment. pine creek a redonné le sourire à ta mère. elle a retrouvé son frère bien-aimé et a trouvé un petit-ami -bientôt un mari- qui la traite comme elle le mérite. tu décèles encore dans ses yeux des moments de doute, de peur, de mélancolie. elle n'oubliera jamais. ni asher. ni toi. kent aura peut-être cette chance d'y échapper. dieu que tu pries pour ça. mais c'est que des instants échappés, car le reste du temps tu sens que ses yeux s'illuminent et que sa vie est chaleureuse. alors tu respires à nouveau, car ta mère l'a fait. si elle a pu s'en sortir, tu peux le faire. t'as la vie devant toi, une passion, la cuisine, et le bonheur d'avoir une grande famille. tu te sens bien ici. rongé par le passé, par la honte, par les remords, mais prêt à mettre tout ça dans une case et à l'enfuir loin, très loin de cette belle vie qui te tend les bras.


en vrac
son surnom est cam. // il est cuisinier au drunken crow depuis plusieurs années et est désormais propriétaire avec ses frères. il est très heureux de partager cet endroit, si cher à son coeur, avec ses frères dont il est très proches malgré leurs différences. // depuis l'arrivée des jones à pine creek, cameron n'a que rarement quitté la ville. il n'est jamais retourné à détroit, qu'il a rayé de la carte et de sa vie. pine creek est le seul endroit où il se sent bien. // très mauvais pour partager ses émotions, il le fait plutôt par acte : cuisiner un bon repas, être une écoute attentive, prendre la défense de quelqu'un. il est assez peu expressif, c'est souvent difficile de pouvoir lire en lui. // addict à la cigarette, mais aussi à l'alcool. il boit souvent en fin de journée, après son service quand il est seul au bar. c'est un secret qu'il cache à tout le monde. cette partie de lui l'effraie car son père était alcoolique. cam qui a tout fait pour être un homme meilleur et bienveillant, ça le tuerait de ressembler à son paternel. pour le moment, il cache assez bien ce secret, mais ce n'est qu'une question de temps avant que quelqu'un fasse assez attention et le remarque. // amateur de randonnées en pleine nature, pour se vider l'esprit. // membre du club de cuisine de la ville. // il n'a pas forcément de mal à créer du lien, si on l'accepte bien comme il est -un peu réservé et lointain mais désireux de bien faire- mais a du mal à créer de profondes connexions. il a peur de ne pas être assez bien et d'être rejeté. //