01. Je reçois plein d'affection et j'comprends qu'c'est important
Ses parents, ils ont toujours été un exemple d'amour pour lui. Une histoire d'amour qui a survécu à la distance et au temps. Ils se sont rencontrés alors qu'elle étudiait la littérature à Edimbourg pendant un an. Et malgré la séparation, leur amour a continué de croître. Il grandit en observant leur connexion profonde, leur complicité inébranlable. Même quarante ans plus tard, il admire toujours la façon dont son père regarde sa mère, avec cet émerveillement et cette tendresse intacts. Cet amour a toujours été un modèle pour lui, nourrissant son désir de trouver une connexion aussi profonde et durable.

Ils partagent encore des moments de complicité, comme ce jeu de devinettes sur les films avec son père. Sa mère énonce le nom d'un film et le premier qui se trompe sur les dialogues perd. Ce rituel simple mais précieux incarne l'amour et la légèreté qui règnent dans leur foyer. Ses parents, il les adore. Ils l'ont guidé, soutenu et aimé inconditionnellement. Bien sûr, ils ont leurs petites excentricités : sa mère, parfois trop insistante sur les sujets délicats, et son père, un rêveur invétéré. Mais ces défauts font partie de ce qu'il aime chez eux, de cette humanité qui rend leur amour encore plus précieux à ses yeux. Il espère secrètement qu'ils sont fiers de lui, reconnaissant pour tout ce qu'ils ont fait pour lui.


02. Il met de la magie, mine de rien, dans tout ce qu’il fait
Il est assis dans les coulisses. Là, sur une petite boîte noire qui ne semble n’avoir aucun usage. Les mains moites,le cœur battant, il observe ses camarades répéter une dernière fois. Du haut de ses sept ans, il ressent déjà l'excitation de la performance. C’est l'école qui organise cette représentation qu’ils ont mis des mois à préparer. En plus, il a un rôle important. Alors forcément, il est fier. Un peu anxieux aussi. Malgré ses répétitions assidues, il a du mal à retenir le texte. Alors il espère très fort qu’il s’en souviendra. Il se tord les mains, attendant le signe de la maîtresse pour s'avancer. Et à l’instant même où il pose un pied hésitant sur la scène, la peur se transforme en un sentiment qui réchauffe doucement ses mains gelées. Il aime ça. Les projecteurs rivés sur lui. Il plisse un peu les yeux pour essayer d'apercevoir ses parents. Il devrait déjà être concentré sur son rôle, mais il ne peut pas s'empêcher de leur faire un petit coucou. Il prend une grande inspiration et commence à délivrer ses premières lignes. Mais bientôt, les mots s'embrouillent. Rien. Plus rien. Un silence gênant s'installe dans la salle. Tous les yeux sont rivés sur lui. Pourtant, au lieu de céder à la panique, Aaron se concentre sur ce qu'il sait faire de mieux. Ressentir. Faire sourire. Faire vivre les mots qui s’échappent presque de ses lèvres. Et avec une sincérité désarmante, il improvise, laissant ses émotions guider ses gestes et ses paroles. Ses camarades de classe le regardent avec étonnement, mais il est absorbé par son propre monde, un monde où il est libre d'être lui-même sans contraintes ni jugements. A cet instant précis, il est le roi du monde. Le public, d'abord surpris par son imprévu, se laisse rapidement captiver par sa présence. Ils peuvent sentir la passion brûler en lui, une flamme pure et inextinguible qui illumine la scène de sa lumière chaleureuse. Et le final ne ressemble pas vraiment à ce que ça devait être. Mais les applaudissements n’en sont que plus forts. Ce moment marque le début d'une passion qui ne le quittera jamais. Ca, c’est ce qu’il veut faire plus tard. Un jour, ça sera lui sur l’écran du cinéma. C’est sur. Promis, juré.


03. Love me, please love me, je suis fou de vous
Il l’observe. Là bas, derrière le rayon des livres de science fiction, il ne fait que relever les yeux vers lui. Et à chaque regard croisé, un petit sourire de malice se creuse au creux des lèvres. Il est beau. Chaque regard fait battre le cœur d'Aaron un peu plus fort. Il ne peut s'empêcher de remarquer la façon dont ses cheveux bruns encadrent délicatement son visage, la lueur d'intelligence qui brille dans ses yeux derrière ses lunettes. Il a envie de l'interrompre pour l’amener dans une autre histoire. Mais jamais il n’oserait. Chaque jour, Aaron se contente d’attendre avec impatience l'occasion de le revoir, de partager ces petits moments d'intimité dans les allées de la librairie. Et même si leurs interactions se limitent souvent à des échanges de regards furtifs et de sourires timides, il ne peut s'empêcher de rêver d’être assez courageux pour l’aborder. Pour lui parler de ces livres qu’il connaît si bien. Pour effleurer ses doigts en attrapant le même livre. “Excusez-moi ?” Il relève la tête vers le client qui se présente devant son comptoir avec trois bouquins en main. “J’aurais besoin d’un conseil pour un ami” Et quand il termine, son inconnu a disparu. C’est sûr, la prochaine fois qu’il achètera un livre, il lui glissera un mot. Il espère que ça sera avant la fin de l'été et le retour à l'école.


04. T’aimer sur les bords du lac
Il y a personne alors ça va. Ils ne peuvent jamais être dehors comme ça. Et Aaron, parfois, ça l’étouffe un peu. Il voudrait tellement pouvoir attraper sa main parfois. Dehors, juste comme ça. Mêler ses doigts au siens sans avoir peur de croiser quelqu'un qu’ils puissent connaître. Mais là, il n’y a qu’eux. Allongés sur le sable, Jasper joue distraitement avec les cheveux un peu trop longs de l'Ecossais. Il voudrait tellement que ce moment ne soit pas juste une douce parenthèse. Que ce soit juste un morceau d’une réalité simple. Sans faux semblant. Peut-être qu’il se lasse un peu de jouer sans arrêt pour tous les publics.

Les doigts du brun l'apaise, laissant ses pensées s'échapper pour voguer au gré de l’eau. Il somnole doucement, rêvant à ce futur qu’il ne peut que deviner au creux de la brume. Ce futur qu’il se surprend à vouloir. Ce bout d’humain qui pourrait hériter de son humour idiot. Peut-être même de son rire. Un bout d’humain à qui il pourrait lire des livres en jouant chaque personnage avec beaucoup trop d’entrain. Le reflet de leur joie et de leur complicité. Il ne lui en a jamais vraiment parlé. De cette pensée qui traverse son esprit parfois. C’est souvent à des moments idiots. Quand il fait ses lacets d’une façon étrange. Ou qu’il pique les bonbons du restaurant chinois. Quand il tire la langue à un enfant dans le bus pour le faire rire.

Une goutte d’eau tombe sur le visage à moitié endormi des deux amants, les réveillant presque en sursaut. La réalité vient frapper sans subtilité. En trois minutes, les gouttes sont devenues déluges alors qu’ils se ruent vers la voiture garée en haut de la route.



05. Seul à poil face à ton reflet avec ton dégoût de toi même
Les applaudissements résonnent encore alors que le rideau se ferme, enveloppant la scène dans un doux écho de succès. Un sourire éclaire le visage d'Aaron alors qu'il enlace sa coéquipière. "Putain, tu étais incroyable dans la scène trois. J'ai eu des frissons comme jamais !" La première représentation est un triomphe. L'euphorie se propage, les rires se partagent, suivis des tapes amicales dans le dos.

Il rit encore un peu alors qu’il entre dans sa loge pour retirer tous ces affairages. Le calme retombe maintenant qu’il est seul face à lui-même. C’était bien. C’était même fou. L’espace de deux heures, il a été ailleurs. Quelqu'un d’autre. Il retire ses vêtements pour enfiler les siens, évitant soigneusement le miroir. Mais pour le maquillage, il n’a pas le choix. Alors il s’installe face à son reflet, commençant à retirer les dernières traces de Peter. Chaque personnage vient marquer son esprit d’une trace indélébile et Peter vient s’ajouter au palmarès. Il l’aime ce personnage. Il a l’impression d’être au plus proche de la vérité quand il se met à nu sur scène. Alors ses mains tremblent un peu quand il efface le masque pour n’y trouver plus que l’absurde original. Son estomac gronde, rappelant qu'il n'a pas mangé depuis des heures quand sa co-équipière entre dans la loge avec entrain. "Ça t’dit d'aller fêter ça avec nous ? On pensait aller manger un morceau au restaurant du coin."

Une bouffée de panique monte. C’est idiot putain. Mais il ne peut pas s'empêcher de se dire qu’il risque de déconner. Il va trop manger. Il voit déjà la pizza pleine de fromage ou le burger frites devant ses yeux. Il aura l’air idiot s’il commande une salade. C’est beaucoup trop dur dans ces situations. En plus, ça fait plusieurs jours qu’il n’a pas fait de sport. Et puis, il se trouvait déjà boudiné dans son costume. Il serre les poings, se sentant tellement con d’être incapable de profiter de ce moment de célébration avec ses amis et collègues. "Euh, je... j’suis pas mal crevé en vrai… La prochaine fois ?” Il sourit avec malice, dissimulant la honte au creux de son ventre. “Mais profite pour deux ! Tu m’raconteras !” Une fois seul, il laisse échapper un soupir de soulagement mêlé de tristesse. De nouveau seul face à ses démons qu’il combat maladroitement chaque jour depuis son enfance.


06. Peut-on jamais savoir par où commence et quand finit l'indifférence.
Ça fait presque 4 ans déjà. C’est la première fois qu’il a une relation aussi longue. Il faut dire, c'est quasiment la première fois qu’il est dans une relation sérieuse. Et son Jasper, il le connaît en long et en travers. Alors quand il a envoyé qu’il revenait bientôt, il a pas mis longtemps à comprendre.


(1 decembre, 21h03) Ça va bien se passer, bon courage!
(2 decembre, 07h12) Bien arrivé ?
(2 decembre, 20h34) Ca se passe bien ? Raconte. On s’appelle demain ?
(3 decembre, 00h46) La représentation de ce soir était folle. Les gens ont applaudi pendant tellement longtemps, j’imagine même pas comment ils devaient avoir mal aux mains
(3 decembre, 01h23) Woh, l’hotel de ce soir est glauque. T’aurais kiffé
(3 decembre, 12h23) Ca va ? T’es bien arrivé quand meme ?
(3 decembre, 16h29) [gif de canard]
(5 decembre, 2h09) Jasper?
(7 decembre, 19h32) Fais pas genre y’a pas de réseau aux US, c’est peut etre un pays du tier monde mais faut pas pousser
(7 decembre, 19h43) En plus j’te vois connecté là !
(9 decembre, 14h18)Tu me fais flipper
(9 decembre, 19h53) Jasper, fait pas l’con
(10 decembre, 00h02) Ce soir, c’était une cata… J’étais pas là, j’oubliais à moitié mes textes. J’ai fais d’la merde comme jamais. Je sais pas ce que tu fous, mais j’aurais voulu pouvoir me caler contre toi dans le lit pour oublier cette journée de merde.
(15 decembre, 22h45) Tu me saoules à pas répondre… Tu joues à quoi ? Je t'empêche pas de profiter de tes amis d’enfance… Tu peux faire ta vie mais réponds moi … Je comprends pas ce que tu fais
(17 decembre, 22h45) Si tu me fais un coup à la Elena, j’te préviens, je reviens te chercher pour t’écrabouiller les couilles. Just so you know
(23 decembre, 03h23) Tu peyx pas men quitter la. Je t’aime ptot con:; Rzpons.” (message supprimé à 10h38)
(25 decembre, 00h17) Le plus drole, c’est que j’avais acheté ton cadeau avant la tournée… J’ai du trouver une excuse de merde pour mes parents. Ils étaient dégoûtés de pas te voir. Limite je me suis fait engueuler parce que je suis pas resté avec toi. Putain de blague. J’étais sensé dire quoi en même temps ? Ah bah je sais pas où il est. Ca fait un mois que j’ai pas de nouvelle.
(25 decembre, 00h18) Je me rends compte en écrivant que j’suis foutrement pathétique de t’envoyer encore des messages après un mois de silence radio.
(25 decembre, 00h19) Mais sérieux, j’te laisserais pas tout balancer comme ça. Je peux pas venir maintenant parce que j’ai encore trois semaines de représentation et que je peux pas tout envoyer bouler comme ça. Mais j’te préviens, dès que c’est fini, j’viens te chercher par la peau du cul s’il le faut.
(31 decembre, 17h34) C’est tellement absurde comme situation, sérieux … Je t'empêche pas d’être là bas, je veux juste de tes nouvelles … J’préfèrerais que tu me dises honnêtement que c’est fini. Tout plutôt que ça. J’ai l’impression qu’on me fout un putain de poignard dans le ventre dès que je reçois une notif mais que c’est pas toi.
(1 janvier, 15h26) Bon. Bonne année. J’vais arreter de t’envoyer des messages. Ca sert à rien.
(26 janvier, 06h52) Je prends l’avion dans 2h.
(26 janvier, 06h58) T’as intérêt à m’rembourser le billet d’avion.


Pour la première fois de sa vie, Aaron traverse l’atlantique. La boule au ventre, il part juste avec un sac à dos de voyage. Et pas mal d’anxiété aussi. Un bagage comme un autre. Il a aucune idée de ce qui l’attend vraiment, mais une chose est sur, il ne peut pas rester comme ça.

Il a toujours eu du mal avec son corps, et notamment son poids, sa musculature et sa taille. S’il a l’air d’avoir confiance en lui, c’est juste que c’est un bon acteur. Ça le conditionne à éviter certaines situations ou à tomber dans des cercles vicieux de sur-entraînement et de sous-alimentation.

Il tombe assez facilement amoureux mais ce n’est que la deuxième fois qu’il est dans une relation longue. Pendant des années, il voyait des gars quelques temps avant que la relation ne s'arrête. Sans grand fracas. Juste comme ça. Il avait cette tendance à rester “léger” de peur de s’engager dans quelque chose qui allait foirer.

Il aimerait être capable d’écrire mais se trouve assez minable. II nourrit secrètement le rêve d'écrire son propre roman ou pièce de théâtre. Il consacre certains moment de libre à écrire, explorant des idées et des histoires qui lui tiennent à cœur. Cependant, il cache cette passion par peur du jugement ou de l'échec, ne révélant ses écrits à personne.

Une fois qu’on le connaît, il a un côté très goofy. Il aime l’attention et a du mal avec la possibilité que quelqu’un ne puisse pas l’aimer. Il se surprend régulièrement à refaire le cours de la soirée une fois chez lui, regrettant telle ou telle parole.

Il est un fervent amateur de littérature, passant ses soirées plongé dans des romans classiques ou des pièces de théâtre contemporaines. Il a travaillé tous les étés dans une librairie quand il était jeune pour se faire de l’argent de poche. D’ailleurs, il a tendance à lire plusieurs livres en même temps du moment qu’ils sont de types différents. Alors forcément, y’a toujours un bouquin qui traîne dans tous les coins de son appartement.

Petit, ses parents l'emmenaient très régulièrement se balader dans la nature. Bien qu’il ait peu voyager en dehors du Royaume Unis, il connaît très bien les étendues vertes de son pays. Il a gardé de précieux souvenirs de ces voyages en van qui ont formé son enfance. Aujourd’hui, il trouve du réconfort et de l'inspiration dans les escapades dans les parcs et les sentiers de randonnée environnants pour se ressourcer.

Il s'efforce constamment de s'améliorer en tant qu'acteur, suivant des cours de théâtre supplémentaires et participant à des ateliers pour affiner ses compétences et élargir ses horizons artistiques. En écosse, il faisait aussi partie d’une association qui organisait des pièces dans les prisons ou les hôpitaux. Quitte à rien faire ici, il aimerait bien avoir l’occasion de faire quelque chose comme ça aussi.